LIGNE DE MIRE DE L'AUTHENTIQUE : Le régime de Ghazouani écrase le consommateur à la veille d’un deuxième quinquennat

Dans sa LIGNE DE MIRE (éditorial) L'Authentque dans son N°3165 dans sa version papier du 9 janvier 2

CHEIKH AIDARA MAGHAMA

Très beau cadeau de nouvel an que le régime de Mohamed Cheikh Ghazouani offre à la population mauritanienne qui croupit déjà sous le poids de la pauvreté à cause d’une politique prédatrice marquée par plusieurs hausses de prix au cours de son premier quinquennat.

Ainsi, à la veille de présidentielles qu’il compte briguer pour une seconde fois, et pour dire combien il se fiche de l’électorat mauritanien puisqu’il est assuré de remporter les élections avec ou sans lui, Ghazouani et son régime viennent ainsi de porter le dédouanement des fruits et légumes qui viennent du Maroc à plus de 60% par rapport aux prix précédents. Ce qui veut dire, que le consommateur mauritanien va payer encore doublement plus cher sa vie quotidienne.

Ainsi, le kilo d’oignons qui coûte déjà à peu près 600 MRO, va coûter dorénavant plus de 1.000 MRO. Les autres légumes et fruits vont subir les mêmes hausses. Qui va trinquer ? Le consommateur mauritanien déjà à bout de souffle et esquinté par un quinquennat de 2019 à 2024 qui a connu des politiques économiques les plus antisociales de l’histoire politique du pays.

Alors que les Mauritaniens s’attendaient au moins à une accalmie après les hausses consécutives à la crise mondiale 2020-2022 due à la pandémie du Covid-19, que les populations ont stoïquement encaissé dans la douleur, ces nouvelles augmentations totalement volontaires et que rien ne justifient, vont entamer encore davantage le pouvoir d’achat déjà catastrophique du citoyen lambda.

Il est ainsi paradoxal de constater qu’au moment où le budget de l’Etat, qui se chiffre à plus de 1000 milliards MRO est constitué déjà à plus de 60% par les impôts et taxes, qu’on veuille encore augmenter la surcharge pour une population dont 90% vit au-dessous du seuil de pauvreté.

Qu’est-ce qui justifie une augmentation douanière de 70.000 MRU à 160.000 MRU pour les camions venant du Maroc et dont les produits alimentent le marché national en fruits et légumes, sinon écraser davantage les citoyens ? Car, les commerçants marocains vont tout simplement répercuter ces augmentations douanières sur les produits livrés aux grossistes, lesquels vont faire de même pour les semi-grossistes jusqu’au maillon faible, c’est-à-dire le consommateur qui va en définitive payer la facture salée.

Pourquoi le régime de Ghazouani cherche-t-il coûte que coûte à faire souffrir sa population, en l’absence de toute politique d’autosuffisance en matières de produits de consommation de base ? Au lieu d’alléger son quotidien, ne pouvait-il pas au moins lui épargner un tarif douanier qui ne va pas pénaliser l’exportateur marocain, mais le consommateur mauritanien ?

Certains voient déjà dans cette mesure incompréhensible et criminelle, la main de certains prédateurs habillés en hommes d’affaires qui comptent probablement alimenter leur propre circuit d’exportation à partir d’autres pays, en menant une concurrence déloyale à un circuit marocain qui offrait des produits de bonne qualité et à bon marché. A moins que le régime de Ghazouani n’ait un autre but que celui d’améliorer les conditions de vie de ses concitoyens.

A la veille d’élections présidentielles en 2024, ces mesures peuvent paraîtres insolites pour un pouvoir qui compte séduire l’électorat mauritanien. Mais ce raisonnement n’est valable que pour un pays réellement démocratique où le choix des dirigeants dépend du vote des populations.

Cheikh Aïdara

 Les tenants et les aboutissants d’un resserrement douanier brusque
La Mauritanie applique une hausse des taxes sur les exportations marocaines qui passent par le poste frontière d’El Guerguerat. Le Forum Mauritanien du Consommateur (FMC) a exprimé son désarroi contre cette hausse qui a été décidée pour les trois prochains mois.

Les autorités mauritaniennes ont augmenté de 171% les droits de douane au poste frontière d’El Guerguerat. Plusieurs transporteurs marocains de fruits et légumes sont bloqués, ils transportent des produits frais vers le marché de Nouakchott. Le coût du dédouanement pour le chargement d’un gros camion est passé de 1.600 euros à un peu plus de 4.600 euros.

Surpris par cette augmentation, les camionneurs sont bloqués depuis quatre jours à la frontière entre le Maroc et la Mauritanie pour nonpaiement des taxes.

«Une augmentation inopinée et forte qui perturbe les exportations du Maroc vers cette zone du continent. Les autorités mauritaniennes n’ont donné aucune explication pour justifier une telle décision», s’insurge un camionneur.

La hausse draconienne des taxes a engendré des perturbations significatives dans les flux de marchandises entre le Maroc et la Mauritanie, ainsi que vers l’espace de la CEDEAO. Les autorités mauritaniennes n’ont pas fourni d’explication plausible pour justifier une telle décision, laissant les acteurs économiques perplexes et confrontés à des défis majeurs.

Les routiers ont exprimé leur désarroi quant à cette augmentation et évoquent également une lenteur dans le transit des marchandises. Selon des sources, les routiers qui s’acquittent de la taxe ont le privilège de traverser plus rapidement que les autres, en revanche, ceux-ci restent bloqués et ne peuvent pas traverser le poste frontière d’El Guerguerat.

Les exportateurs marocains expliquent que cette hausse devra se répercuter sur toute la chaîne commerciale et finir par une hausse des prix pour le consommateur final, précisant que les camionneurs sont obligés de répercuter cette forte augmentation sur les grossistes, qui la répercutent à leur tour sur les intermédiaires et enfin sur le consommateur final.

Cette mesure entraîne des pénuries de certains produits à Nouakchott, notamment les légumes et les fruits en provenance du Maroc. Déjà, les consommateurs finaux en Mauritanie dénoncent la hausse des prix des légumes et fruits en provenance du Maroc, d’après les médias locaux.

Le désarroi du Forum du Consommateur Mauritanien (FCM)

Le Forum du Consommateur Mauritanien (FCM) a dénoncé, ce samedi, dans un communiqué publié sur sa page officielle Facebook, l’augmentation des frais de douane à l’importation de fruits et légumes en provenance du Maroc par voie terrestre en passant par le poste frontière d’El Guerguerat. Dans le communiqué, le FCM critique le fait que la hausse des tarifs «a provoqué une hausse des prix et a aggravé les souffrances des citoyens».

Il note également que le pouvoir d’achat des Mauritaniens est impacté par la hausse continue des prix et appelle les autorités à «prendre des mesures urgentes pour protéger les droits des consommateurs». «Plusieurs camionneurs marocains transportant des légumes et des fruits vers la Mauritanie et les pays d’Afrique de l’Ouest sont bloqués depuis des jours au poste frontière d’El Guerguerat lorsqu’ils ont été informés de l’augmentation des frais de douane mauritaniens sur ces produits», précise le communiqué.

Les autorités mauritaniennes n’ont pas réagi officiellement, mais cette mesure répond aux demandes des producteurs locaux qui demandaient au gouvernement de protéger leurs produits de la concurrence étrangère.

Une grande partie des fruits et légumes marocains entrant en Mauritanie est destinée aux marchés ouest-africains, mais une quantité importante est vendue sur le marché mauritanien.

Notons que la qualité et les prix de ces produits sont fortement compétitifs par rapport aux produits mauritaniens. Le FCM a même exhorté les autorités mauritaniennes à organiser des concertations avant de prendre de telles décisions, et ce, afin de ne plus aggraver le pouvoir d’achat des citoyens mauritaniens.

Les éclaircissements de l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar

D’après l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar, la décision de la hausse a été programmée pour les trois prochains mois, qui coïncident avec la saison des récoltes des agriculteurs dans le pays, et ce, dans l’optique de conserver leurs activités et protéger leurs intérêts.

Dans ce sillage, une réunion a eu lieu entre le ministère de l’Industrie et du Commerce mauritanien et des acteurs professionnels et hommes d’affaires du pays pour concertations. Elle s’est soldée par l’adoption de la décision relative à la hausse pendant la période précitée.

Echanges commerciaux entre le Maroc et la Mauritanie en 2022

Le rôle important que le passage frontalier d’El Guerguerat joue un rôle primordial dans l’échange commercial entre le Maroc et la Mauritanie et le transport routier reste le moyen le plus crucial pour stimuler ces échanges.

Les échanges commerciaux entre le Maroc et la Mauritanie ont enregistré une dynamique sans précédent en 2022, avec une valeur de près de 300 millions de dollars, marquant ainsi une croissance de 58% par rapport à l’année 2020.

Cette reprise remarquable dans le volume et la valeur des échanges commerciaux consolide la position du Royaume en tant que premier fournisseur du marché mauritanien en Afrique, les importations de la Mauritanie en provenance du Maroc représentant environ 50% de l’ensemble de ses importations du continent. Au sein du Maghreb, ces importations représentent plus de 73% des importations en provenance des pays de cette région.

Au niveau de la structure des exportations marocaines vers la Mauritanie, 80% d’entre elles se composent de trois catégories principales, à savoir les produits alimentaires et agricoles, les produits manufacturés, et les machines et équipements de transport. Les exportations de légumes et de fruits représentent environ 20% du volume total de ces exportations.

Il est à noter que cette croissance est attribuée à plusieurs facteurs, dont la proximité géographique entre les deux pays, la fluidité des transactions entre les fournisseurs marocains et leurs homologues mauritaniens, la qualité des chaînes logistiques, ainsi que la réputation favorable et la haute qualité des produits marocains sur le marché mauritanien.

La Mauritanie veut encourager la production locale des légumes

Une source du ministère mauritanien de l’Economie confirme aux médias locaux que cette décision ne concerne que les importations de la Mauritanie en légumes, tandis que celles concernant les fruits sont exclues de cette hausse.

La même source a en outre indiqué que les camions marocains dont la destination est l’Afrique de l’Ouest sont tous exonérés de cette hausse.

Le responsable gouvernemental a de surcroît précisé que cette décision s’inscrit dans le cadre des mesures entreprises par le gouvernement afin de protéger les intérêts des agriculteurs locaux, et de permettre au pays de stimuler son autarcie et sa sécurité alimentaire.

Djibouti, premier client du Maroc en Afrique !

Les échanges entre le Maroc et les autres pays africains au titre de l’année 2022 avaient atteint 64,3 milliards de dirhams, soit une hausse de près de 40% par rapport à 2021. L’Egypte, l’Afrique du Sud, Djibouti, la Tunisie et la Côte d’Ivoire ont été les principaux partenaires commerciaux du Maroc en 2022, selon l’Office des Changes.

Ces cinq pays représentaient environ la moitié des échanges commerciaux du Maroc avec le continent. Les importations marocaines provenaient majoritairement d’Egypte, avec une valeur globale de 10,3 milliards de dirhams, suivie de l’Afrique du Sud avec 5,5 milliards de dirhams, de la Tunisie (3,1 milliards), de l’Algérie (1,6 milliard), et de la Libye (1,01 milliard).

Concernant les exportations du Maroc, l’Office des Changes révèle que Djibouti était le premier destinataire des marchandises marocaines, avec des volumes d’une valeur de 5,4 milliards de dirhams. Ce qui est un peu surprenant, si l’on sait que, généralement, les marchés sénégalais et ivoiriens sont les premiers clients des exportateurs marocains.

La Côte d’Ivoire justement arrive deuxième avec 3,1 milliards de dirhams, suivie de la Mauritanie (2,9 milliards), du Sénégal (2,8 milliards) et du Nigeria (1,8 milliard). Au total, les échanges entre le Maroc et les autres pays du continent ont atteint 64,3 milliards de dirhams l’année dernière, soit une hausse près de 40% par rapport à 2021, où ils s’étaient établis à 46 milliards de dirhams.


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