Le Directeur de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants (INLCTPTM), M. Cheikh Tourade Ould Abdel Maleck, a rencontré mercredi 6 décembre 2023 à Néma (Hodh Charghi), les responsables des groupes de veille, une initiative du Bureau International du Travail (BIT) en Mauritanie, dans le cadre du Projet « Vellahin », qui vise à rapprocher les services publics des populations les plus vulnérables dans les deux Hodhs. Il est question d’AGR destinés aux victimes d’esclavage à Bassiknou.
Au cours de cette rencontre, les membres des 6 groupes de veille, Aïoun et Koubonni (Hodh Gharbi), Néma, Timbédra, Bousteila et Bassiknou (Hodh Charghi) ont présenté les réalisations qu’ils ont accomplis en termes d’accompagnement des communautés et de sensibilisation par rapport à l’importance des actes d’état-civil (enrôlement, actes de naissance, actes de mariage, actes de divorce, etc.), mais aussi dans le domaine de la lutte contre les violences basées sur le genre, notamment le mariage des enfants, ainsi que la diffusion de la loi incriminant l’esclavage et l’identification des cas de conflits fonciers.
La plupart des membres du groupe de veille sont affiliés à deux importantes organisations, l’ONG SOS Esclaves et le Syndicat des Agriculteurs de Mauritanie (SAM).
S’il est apparu que l’accès à l’Etat-civil reste un problème posé pour les communautés des deux Hodhs, laissant en marge de l’enseignement des milliers d’enfants, des cas de violences sexuelles à connotation esclavagiste restent récurrents dans des zones éloignées des centres urbains. L’absence de zones loties dans les régions de l’Est du pays empêche ainsi l’accès à la propriété privée, faisant clore des conflits autour de la terre aussi bien en milieu urbain que rural.
Dans sa réponse, M. Cheikh Tourade Ould Abdel Maleck a salué l’initiative du BIT dans la mise en place de groupes de veille communautaire dont l’apport serait, selon grande importance pour son institution. Il a présenté l’instance qu’il dirige, évoquant la Loi 2022-102 du 5 juillet 2022 qui définit sa mission, son organisation et son onctionnement. Il s’est également présenté comme un expert dans le domaine des droits de l’Homme, avec plus de 25 ans d’expérience en tant que directeur des droits de l’Homme, puis Commissaire et consultant, ayant accompagné le processus entamé par l’Etat mauritanien dans sa lutte contre l’esclavage et ses séquelles depuis la loi de 2007. Il a précisé que l’instance porte une grande importance aux violations du droit des enfants, notamment le travail des enfants et leur exploitation, en plus du mariage précoce.
Dans le domaine de la traite des personnes, y compris l’esclavage, M. Cheikh Tourade a indiqué que son institution veille au référencement des cas et leur transfert à la justice.
Il a indiqué dans la foulée qu’il va se rendre à Bassiknou pour procéder à la distribution d’activités génératrice de revenus (AGR) aux victimes d’esclavage disposant d’actes d’état-civil. Ces victimes, selon lui, doivent disposer de comptes bancaires pour recevoir directement leurs virements. Il a déploré dans ce cadre l’absence d’état-civil pour la plupart des victimes, d’où le plaidoyer qu’il compte mener auprès du Ministère de l’Intérieur, voire du Président de la République, pour des dispositions spéciales de facilitation à l’accès à l’état-civile aux bénéfices des victimes d’esclavage reconnues comme telles par des jugements ou celles dont les plaintes sont pendantes devant la justice.
Les subventions allouées aux AGR destinées aux victimes d’esclavage varient entre 1 million et 2 millions MRO. Deux conventions ont été signées dans ce cadre avec deux ONG, SOS Esclaves et Flambeau de la Liberté (Mich’Al).
L’entretien entre M. Cheikh Tourade et les groupes de veille s’est déroulé en présence de M. Aboubakry Dieng, Coordonnateur du Projet « Vellahin » et une personne ressource. La réunion a d’ailleurs été précédée par une tournée préparatoire auprès des différents membres des groupes de veille.
Selon M. Aboubakry Dieng, il ne reste plus que quatre mois avant la fin du projet lancé il y a trois ans. Raison pour laquelle, ces groupes de veille devraient poursuivre leur travail avec l’INLCTPTM dans l’identification et la catégorisation des cas de traite et de trafic de personnes et de migrants, ainsi que dans l’encadrement des communautés à travers la sensibilisation et le rôle qu’ils jouent en tant que sentinelle des droits de l’homme dans ces régions reculées du pays.
Cheikh Aïdara
Néma