Préparatifs du dialogue national : Moussa Fall dévoile les coulisses
Préparatifs du dialogue national
- Publié par Aidara cheikh --
- Thursday, 16 Oct, 2025

Le coordinateur de la phase préparatoire du dialogue national, Moussa Fall, s’est exprimé ce jeudi devant la presse pour présenter le cheminement ayant conduit à la finalisation du rapport remis au président de la République. Un processus de sept mois, qu’il qualifie de “novateur”, a permis d’établir les bases d’un dialogue que les autorités espèrent inclusif et porteur de réformes profondes.
Selon Moussa Fall, cette démarche trouve son origine dans un engagement formulé par le président de la République lors de sa campagne électorale. Le chef de l’État avait exprimé sa volonté de lancer un dialogue national inclusif, destiné à repenser les fondations du développement du pays.
C’est dans cette optique qu’un premier discours a été prononcé le 9 mars 2025, lors d’une cérémonie réunissant partis politiques reconnus et anciens candidats à la présidentielle. Ce discours a marqué le point de départ officiel de la phase préparatoire.
« Le président n’a pas voulu imposer une structure rigide. Il a défini des objectifs, laissant à l’ensemble des acteurs politiques et civils la responsabilité de façonner collectivement le contenu de ce dialogue », a précisé Moussa Fall.
Pour construire une base solide, l’équipe de coordination a opté pour une approche progressive. Un questionnaire a été adressé aux vingt partis légalement enregistrés ainsi qu’aux cinq derniers candidats à la présidentielle.
Des échanges ont également été menés avec des représentants de la société civile, de nouveaux partis politiques et plusieurs figures indépendantes. Les réponses recueillies ont été synthétisées dans une première version d’une feuille de route. Celle-ci a ensuite été partagée avec toutes les parties pour commentaires, avant d’être finalisée dans un rapport présenté au président.
« Cette méthode nous a permis d’anticiper les obstacles potentiels, de favoriser l’adhésion des participants et de poser les jalons d’un dialogue constructif », a expliqué Fall.
L’un des points marquants de cette phase préparatoire est, selon lui, la convergence des préoccupations. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 75 % des répondants ont mis en avant la nécessité de traiter en priorité la question de l’esclavage et de ses séquelles ; 72 % ont fait du passif humanitaire un enjeu central. Ces priorités, largement partagées, ont renforcé la conviction des organisateurs que les conditions sont réunies pour initier un dialogue fructueux.
Les partis de la majorité, regroupés, ont déposé une proposition commune. Les formations parlementaires de l’opposition ont également participé activement. D’autres partis non représentés à l’Assemblée nationale ainsi que des indépendants ont remis leurs propres contributions. « Ce climat de convergence est encourageant. Il montre une volonté de dialogue réelle et partagée », a-t-il souligné.
Interrogé sur la participation de certaines figures politiques, Moussa Fall a évoqué deux cas particuliers : l’AJD/MR et le député Biram Dah Abeid. Concernant l’AJD/MR, il a indiqué avoir rencontré ses dirigeants, qui se disaient initialement favorables à la démarche, avant que leur position ne change. « J’ai dit à leurs responsables qu’il aurait été préférable de venir discuter avant de se retirer. Malgré tout, les thématiques qui leur tiennent à cœur seront traitées », a-t-il assuré.
Quant à Biram Dah Abeid, Fall a souligné que le dialogue restait ouvert. Des échanges sont en cours, même si les relations entre l’opposant et le pouvoir exécutif restent parfois tendues. « Ce qui m’importe, c’est qu’il participe. Son engagement dans le dialogue est essentiel, surtout à l’approche de la présidentielle », a-t-il insisté.
À ceux qui s’interrogent sur l’opportunité d’un tel dialogue alors que certains sujets relèvent du domaine législatif, Moussa Fall a répondu que le président avait clairement exprimé sa volonté de respecter les conclusions issues des discussions. « Il aurait pu engager des réformes sans passer par un dialogue, mais il a voulu construire un consensus. L’objectif est d’aboutir à des changements profonds, acceptés par tous », a-t-il précisé.
En conclusion, Moussa Fall a tenu à distinguer cette initiative des dialogues organisés par le passé. Il critique l’improvisation, l’absence de méthodologie et la politisation excessive qui, selon lui, ont souvent entravé les précédents processus. « Cette fois, le travail a été préparé en amont, les acteurs ont participé dès le début, et le président s’est engagé à ne pas influencer le contenu du dialogue. Il n’y a pas de dessein caché, seulement une volonté de bâtir un avenir commun », a-t-il affirmé.
Malgré l’absence de certains acteurs politiques, Fall se dit confiant quant à la suite des événements : « L’état d’esprit a changé. Les Mauritaniens veulent un dialogue sincère, et tout laisse penser que cette fois-ci, il pourrait déboucher sur des résultats concrets. »
SHEMS MAARIF